Quand le mental perd pied, la santé défaille
- Les Confinés
- 22 avr. 2020
- 4 min de lecture
En cette période de confinement, de nombreuses personnes supportent mal l’enfermement et c’est normal. Malheureusement il existe des cas pour lesquels cette situation comporte des répercussions psychologiques et physiques plus importantes que celles du Covid-19.

Campagne de défense contre les violences conjugales pendant le confinement. Crédit : Alexsandro Palombo
Avant d’étudier ces effets, il est important de comprendre toutes les facettes du confinement. Celui-ci, imposé par le gouvernement français, impose à tous les citoyens et résidents du territoire de limiter au maximum les sorties en extérieur ainsi que le contact avec les autres. Cela implique donc que les seules sorties autorisées sont : les courses et le sport dans un rayon de 1km autour du domicile sont limités à 1h maximum. L’assistance à un membre de la famille et l’impossibilité de télétravail dû aux fonctions du poste occupé n’ont pas cette limite horaire. Ainsi, toutes ces mesures impliquent un enfermement prolongé mais aussi la limitation voire l’arrêt total de contact physique avec les autres. C’est justement cette dernière caractéristique, qui pose le plus de problème. Dans un monde très individualiste et matérialiste, qui aurait cru que cet aspect se révèlerait vital à l’être humain.
Ça s’est vu sur les réseaux majoritairement avec l’augmentation massive de leur utilisation. De nombreuses personnes cherchent le contact par ces plateformes, d’autres n’hésitent pas à montrer leur solitude et certains essaient de garder le sourire et propose des « live » ainsi que d’autres activités possibles en intérieur. Malheureusement, pour une partie de la population, ce confinement est trop violent psychologiquement et pour une autre, il peut avoir des effets physiques, parfois mortels.
Des conséquences psychologiques lourdes
Selon une interview de Lucie Joly, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine, le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai annoncé par Emmanuel Macron, devrait accroître l’activité des services psychiatriques, jusque-là en baisse. « Ils préfèrent venir aux urgences se confronter à la possibilité d’une contamination au Covid-19, plutôt que de rester chez eux » explique la psychiatre. En effet, de nombreux individus, suffoquent en confinement. Trop angoissés par cette situation, ils vont à l’hôpital pour avoir des consultations, quelqu’un qui les écoute et leur parle, un contact humain. Beaucoup stressent également pour leur travail qu’ils risquent de perdre à la reprise dû à la crise économique qu’apporte la pandémie actuelle. Certains ont déjà fait des tentatives de suicides.
Malheureusement, les plus touchés sont les patients atteint de troubles psychologiques préexistants au Coronavirus. « Ça fait un mois que nos patients n’ont plus leurs soins habituels, sont confinés chez eux, certains ont arrêté leur traitement, ils ne supportent plus le confinement. On s’attend à ce que ça se dégrade. » Elle explique également que les cas qu’elle reçoit aux urgences sont souvent causés par des décompensations psychotiques et que l’équipement obligatoire (masque, gants, blouse) est un élément qui agite encore plus le patient, rendant sa prise en charge compliquée.
Les patients qui se retrouvent hospitalisés sont tout de même chanceux. Lucie Joly à remarqué une augmentation du nombre de patients psychotiques dans les rues. Ceux-ci, pris dans leur délire, fuient leur domicile et déambulent dans les rues sans le savoir. Lorsque le déconfinement aura lieu, nombre de ces individus souffriront de stress post-traumatique ainsi que de dépression.
Il est également important de souligner que beaucoup d’étudiants n’ont pas pu rentrer dans leurs familles et se retrouvent seul, parfois sans travail et avec une quantité de stress montante avec l’approche de la fin d’année et les examens. Les établissements scolaires ont vite réagi pour continuer à transmettre les cours, mais ils prennent tout juste l’ampleur des dégâts sur l’isolement des élèves. Le CROUS a donc lancé une étude à l’échelle nationale sur pour mesurer les conséquences de la quarantaine sur leur santé mentale.
Des risques physiques exacerbés
Si le contact physique humain manque à bon nombre d’entre nous, il est en surplus pour d’autres. Combien de couples ont déjà implosés en confinement ? Surement plus qu’on ne l’imagine. Mais il y a bien pire. Être constamment à son domicile se révèle dangereux pour les personnes victimes de violences, conjugales ou non. On sait déjà qu’en moyenne, un féminicide est commis tous les 3 jours en France. 122 femmes ont été tuées l’année dernière par leur conjoint ou ex-conjoint selon l’AFP, en nombre en hausse par rapport à 2018.
De nombreux articles ont déjà fait état de cette vérité et de nombreux comptes sur internet appel à l’entraide ou relais les numéros d’urgence. Des personnes ont même repris les codes utilisés dans certains bars pour des femmes se sentant en danger (commande d’une boisson spéciale pour avertir le barman de la situation qui prévient alors la police/un taxi ou accompagne). Les codes sont adaptés aux réseaux pour ne pas éveiller les soupçons de la personne violente si celle-ci surveille sa victime. Ces dispositifs sont d’autant plus importants que la ministre de l’égalité entre hommes et femmes, Marlène Schiappa a révélé une hausse des violences conjugales depuis le début du confinement. La hausse des violences s’élève à 36% en une semaine. Après plus d’un mois de confinement, certaines personnes vivent l’enfer chez elle et n’ont toujours pas de solutions.
Il est important de rappeler que les violences existent hors relations conjugales et que souvent les enfants sont aussi victimes. De plus, dans ces violences existent également le viol et la séquestration. Ces personnes n’ont pour la plupart, aucun moyen de défense et sont encore plus vulnérable au vu de la situation actuelle. Toutes ces personnes sont aujourd’hui enfermées, seules, avec leur famille ou avec des individus violents et peu importe le virus, le confinement affecte tout le monde indifféremment.
Si vous êtes dans une situation de détresse physique ou mentale, ces numéros sont à votre disposition. De nombreux sites en ligne offrent également ce type d’aide.
La cellule d’aide psychologique COVID-19 : 0 800 130 000
SOS amitié : 09 72 39 40 50
Suicide écoute : 01 45 39 40 00
France dépression : 07 84 96 88 28
La croix rouge : 0 800 858 858
Net écoute : 0 800 200 200
Violences femmes infos : 3919
Viol femmes informations : 0 800 05 95 95
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